Le GR54, grand tour des Ecrins, est considéré comme l’un des treks les plus difficiles d’Europe. Il est très riche en paysages : lacs, torrents, plateaux, sommets, forêts, panoramas. Tu peux le réaliser intégralement en refuge et gîte d’étape ou en bivouac. Il vaut vraiment le coup !
Je suis Yann, consultant trekking Crapahuteur et accompagnateur fédéral. J’ai réalisé le GR54 fin août 2024 pour la 1ère fois en 6 jours au départ de La Chapelle-en-Valgaudemar et je te raconte ici mon aventure en solo.
Cette approche du GR54 est surtout adaptée aux trekkeurs aguerris. Si tu débutes en trek, tu feras ce parcours en 12 étapes. Je suis d’ailleurs à ton service si tu souhaites des conseils personnalisés pour préparer au mieux ton trek.
Quel que soit ton niveau, ce récit te donnera un bel aperçu des paysages que tu pourras croiser sur ton parcours et des expériences que tu pourrais y vivre.
Je t’invite en complément de cet article d’aller visiter le site officiel du GR54 Grand Tour des Ecrins, édité par Le Parc National des Ecrins, très bien réalisé avec les différentes versions du GR54.
Pour t’aider dans ta lecture voici les différents chapitres de ce guide du GR54 :
Cette version du GR54 te fait parcourir un total d’environ 193 kilomètres pour un dénivelé positif et négatif cumulé d’environ 11300m.
Jour 1 – La Chapelle en Valgaudemar – Valsenestre, 32 km, D+ 2515m, D- 2325m
Jour 2 – Valsenestre à Venosc, 25 km, D+ 1760m, D- 2060m
Jour 3 – Venosc au Chalet des Fay, 27,5 km, D+ 2125m, D- 820m
Jour 4 – Chalet des Fay à Mônetier-les-bains, 37 km, D+ 1260m, D- 2030m
Jour 5 – Mônetier-les-bains à la Cabane de Jas Lacroix, 34,5 km, D+ 1760m, D- 1280m
Jour 6 – Cabane de Jas Lacroix à La Chapelle en Valgaudemar, 37,5 km, D+ 1940m, D- 2780m
32 km
D+ 2515m
D- 2325m
Départ à la frontale à 5h50, je longe la rivière jusque Villar Loubiere sur du plat, pour une parfaite mise en jambe. L’aube offre une ambiance vraiment particulière avec l’énergie de la rivière. Il fait frais.
Je suis vite récompensé en voyant 4 petites billes jaunes dans le noir, 2 petits renards qui me contourneront et m’observeront dans mon dos. Quelques minutes plus tard, je vois sur ma droite à 1m, un autre petit renard en train de fouiner dans l’herbe. Spectacle magnifique ! Il finira par relever la tête et s’enfuir en me voyant.
Depuis Villar Loubiere, la montée commence jusqu’au refuge des souffles. Je monte et m’enfonce dans une brume épaisse. Je zigue je zague. Après 4km de montée je sors de la brume et la montagne se révèle, majestueuse (« ah tiens y avait ça derrière »). Comme autre récompense je trouverai dans la montée aux abords du refuge des framboises puis des myrtilles. Une odeur m’embaume le nez a plusieurs reprises, comme un air d’Islande : une sorte d’odeur de souffre, étrange.
Arrivée au refuge des Souffles après 3h de marche, petite pause banana bread réalisé par Pauline (merci encore a elle de m’avoir déposé a la Chapelle en Valgaudemar ce matin tôt). Au loin à l’ouest, au dessus d’une épaisse mer de nuages, j’aperçois le Dévoluy et le plateau de Bure (le refuge a même installé des lunettes pour les voir de plus près).
Je croise quelques personnes au refuge et aperçois plusieurs tentes. Le GR54 semble fréquenté en cette période.
9h15, je commence la section suivante de ma journée avec le soleil.
Très rapidement je retrouve une nouvelle fois framboises et myrtilles (miam). La montée vers le col est progressive et très jolie. Premier passage technique, une traversée de torrent où j’aperçois un camarade randonneur qui traverse doucement et avec précaution par une voie glissante. Je me rends une nouvelle fois compte que tout le monde n’identifie pas le terrain de la même façon, et que c’est une vraie compétence.
Je traverse sans difficulté le torrent par une voie facile et sans danger.
11h15, je suis au col de Vaurze à 2500m. La montée était bien aménagée en zig zag avec quelques passages taillés dans la roche. Pour le moment, je suis en forme.
A partir de 2000m les marmottes montraient le bout de leur nez et aux abords du col une cinquantaine de chocards se livraient à d’envoutantes danses dans les airs en petits groupes.
La vue est magnifique, je reconnais au loin le vieux Chaillol de ma nouvelle patrie « Le Champsaur », ainsi que le Sirac. Le patron du lieu est L’Olan qui domine à 3564m.
Je vais profiter du paysage et manger un morceau, je suis à la moitié de cette 2eme étape et la mer de nuages dans l’autre vallée est assez haute. Je ne suis pas pressé de retourner dans la grisaille.
En route vers le Désert en Valjouffrey, 5km de descente et une mer de nuages à perte de vue. Seul un sommet au loin que je n’arrive pas à reconnaître s’en échappe.
La descente aux abords du col est raide et glissante. Je rejoins très vite la purée de pois et vois uniquement à 30m.
J’ai croisé quelques anglophones, qui s’inquiétaient de la potabilité de l’eau.
13h30 je suis arrivé au Désert de Valjouffrey, fin de l’étape 2. C’est trop tôt pour moi m’arrêter.
J’attaque l’étape 3 vers le col de Côte Belle et Valsenestre.
Ça monte direct par une ravine accidentée, et ça ne rigole pas ! Le chemin reste toutefois bien entretenu par le parc des Écrins. Je sens le cumul de la journée, la montée est éprouvante. Je me dis que je ferai une grosse pause dès que j’aurai quitté le brouillard épais. Il aura fallu tout de même 950D+ pour passer les 2200m pour revoir dieu Soleil.
Assis au soleil, je regarde les sommets acérés face à moi, la brume qui va et vient, et une jolie marmotte dressée sur ses 2 pattes arrières sur un rocher en contre bas dont le cri raisonne. Je m’amuse à regarder ses petits sursauts du haut du corps à chaque fois qu’elle donne de la voix. C’est tellement mignon !
Arrivé au col, l’autre vallée affiche le même décor : de très beaux sommets et une mer de nuages. Je suis surpris dans cette descente par les ardoises qui ressortent de la montagne tels des pics. J’arrive rapidement dans la brume, trouve quelques framboises au passage et continue à descendre dans les bois.
Un petit panneau indique un spot de bivouac où je vais passer la nuit avec quelques autres randonneurs. Je passe à la rivière à proximité pour une petite toilette et pour prendre de l’eau (merci ma gourde filtrante Oko car c’était de l’eau au sable). Aucun réseau à cet endroit… Je ne peux donner de nouvelles…
25 km
D+ 1760m
D- 2060m
Départ 7h10. La nuit a été bonne, premières impressions satisfaisantes sur mon nouveau Quilt Vesper de Themarest. Le ciel est dégagé et présage une belle journée. Le village de Valsenestre est charmant.
Je suis le GR54B pour cette section de 21km. Premier objectif le Lac Labarre et le Col de Romeiou.
La montée commence progressivement en sentier balcon, vue sur le fond de la vallée étroitement entourée de montagnes boisées.
L’ombre et la lumière offrent un dégradé de couleurs saisissant.
La montée se poursuit parfois plus raide et souvent en longs zig zag (toujours présents ceux la) pour faciliter la progression.
Pendant la montée, je croiserais des myrtilles à gogo et en bon gourmand qui se respecte je m’arrêterais tous les 5m pour des shoots de glucides.
J’arrive ensuite à une cabane de berger, puis à son troupeau, 213 brebis exactement en prenant bien soin de les compter (non je déconne ). Je les vois prendre toutes en file indienne une voie dont la pente me fait transpirer rien qu’en la regardant. En discutant un peu avec le berger, réel chef d’orchestre de son troupeau, il me dira que les chiens ont suivi les randonneurs et les brebis ont suivi les chiens
Tiens les chiens, parlons-en ! J’ai compté 2 border collie et 4 patous. Je traverse le troupeau lentement pour ne pas effrayer les brebis et montrer aux patous que je viens en paix !
Parce qu’on en lit et on en entend des choses sur les chiens de protection.
Dans le cas présent, le 1er et le 3e que je croise passeront à côté de moi en m’ignorant. Le 2nd, le plus imposant, viendra réclamer sa caresse, tout comme le 4eme qui revenait tranquillement du lac où il avait suivi 3 jeunes randonneurs.
Aucun aboiement, aucune agressivité, 2 patous n’étaient pas avec le berger.
Chaque situation est différente, chaque chien a son caractère. Je dirai que l’interaction avec un patou est avant tout une histoire d’attitude. S’il sent que tu as peur, si tu ne t’arrêtes pas et ne lui parle pas pour t’identifier, si tu le fixes dans les yeux, alors tu t’exposes sans doute à quelques tracas.
La vue au col de Romeiou est magnifique, avec une très belle profondeur sur les différents sommets et massifs. Le lac dans son enclos sublime le lieu.
Je retrouve à cet endroit un peu de réseau, un court instant, me permettant (je crois) d’envoyer un petit SMS pour dire que tout va pour le mieux
La descente depuis le col est très agréable, sur un sentier facile qui varie entre balcons, crêtes, petit bois (je suis ici au niveau de la zone de combat entre les étages Alpin et sub-alpin). Ça fait du bien aux jambes !
Mais les réjouissances sont courtes, c’est reparti pour une montée exigeante jusqu’à la Brèche de Perier. Les abords du haut du col me font penser à la pointe des éboulis sur le GR20.
Généralement quand on en chie en montée, ce n’est pas pour rien, la vue depuis le col est folle ! Je vois l’Obiou du Dévoluy, le massif du Vercors, la Matheysine et le Triève, et de l’autre côté en contre-bas le lac de Plan Vianney.
La descente vers le lac est raide et glissante avec ses nombreux petits cailloux. Ça le restera jusqu’aux abords du magnifique lac du Lauvitel d’où arrivent et partent de très beaux torrents. Le spot est touristique et bon nombre de personnes font bronzette sur la plage du lac. J’y ferai également une belle pause.
Entre les 2 lacs, je croiserais des milliers de criquets, sauterelles et myrtilles !
Depuis le lac de Lauvitel, je continue de descendre sur un sentier beaucoup plus facile jusqu’au petit village de la Danchere, fin de l’étape 4.
J’entame la 5eme étape car je vise un camping à Venosc. La vallée a pris tarif avec de nombreux éboulements, glissements de terrain, sentiers et routes endommagés.
Au camping de la cascade, je pose la tente, prends une petite douche salvatrice, passe quelques coups de fils, goûte un lyo MX3 nutrition « Pâtes aux légumes » (pas mal), et prends la sauce d’une belle pluie d’orage à l’abri dans ma tente hydrophobe (merci le dyneema).
27,5 km
D+ 2125m
D- 820m
Réveil humide après une pluie d’orage cette nuit mais sommeil satisfaisant. Départ 8h00 on progresse
On commence doucement avec une petite montée pavée jusqu’au centre du village de Venosc, on sent bien ici l’atmosphère de petit village de bas de station.
Premier objectif de la journée, rejoindre l’ancien village du Sappey pour 650D+. Je progresse en montée à flanc de montagne, ça monte assez raide en continue, seuls quelques faux plats permettent de reprendre son souffle. Plusieurs passages techniques câblés demanderont l’utilisation des mains mais sans grande difficulté. Ça crapahute ! On est dans le thème ! Je suis content
Aux abords du Sappey, une section de plat dans un petit sous-bois humide à l’ombre me rafraichit et recharge mes batteries après une montée éprouvante.
L’ancien village du Sappey ne présente plus que 2 bâtissent dont une en rénovation. Le spot en petites collines et prairies est magnifique et ouvre un très beau panorama sur les vallées voisines.
La pause s’impose ! Avec une petite barre Cliff chocolat blanc macadamia noisettes qui passe crème.
Le sentier avec un air de green de golf continue dans un cadre de verdure avec en décor de fond les sommets et la station des Alpes d’Huez. La descente jusqu’au village de Bons se fait tout en douceur et paisibilité alternant sentiers balcons et petits bois.
Presque arrivé à Bons, je connais au loin un air de « De Palmas » qui me semble être chanté et m’invitant à pousser la chansonnette.
Mon sentier passe alors à côté d’un espace vert aménagé (buts, table de ping pong, jeux pour enfants) avec un buffet barbecue et un petit groupe de musicien. Je me dis « Génial un petite fête de village comme dans le Champsaur ». Je m’installe dans l’herbe et sort ma tente pour la sécher. Je veux aller m’acheter un petit truc à manger mais je m’aperçois rapidement qu’il n’y a pas de transaction d’argent . Une dame (Valérie) très gentille vient alors me voir et me dit « Ça doit vous surprendre ce qu’il se passe ici, c’est un évènement qu’on fait chaque année avec l’association des clubs de vacances des 2 Alpes. Je vais vous chercher quelque chose à manger ? Car il faut un bracelet. » IMPROBABLE !! Eh oui l’être humain est bon (on est au village de « Bons » d’ailleurs ) ! J’accepte avec toute la gratitude que je peux lui communiquer. Elle me rapportera une assiette bien garnie avec taboulé, salade de pâtes, pain, pastèque et brownie. Et en plus la musique est vraiment de qualité !
Bon je comprends que je m’incruste un peu, mais l’univers a mis cet événement sur mon chemin Je ne trainerai pas trop toutefois.
Sur le point de repartir, un homme vient récupérer mon assiette en me lançant avec une pointe d’ironie « Ça va mon gars t’as bien manger ? Profite ! ». J’irai discuter un peu avec lui en partant, et ça va il était à l’aise avec la situation. Je remercie également ma bienfaitrice à qui je proposerai du conseil trek gratuit en échange de son geste. On the road again !
Direction Mizoen, je passe par plusieurs petits villages de station très charmant, j’alterne entre route et petits sentiers boisés. Je passe sur l’impressionnant barrage de Chambon et son très beau lac. A Mizoen, je crois Jean-Luc, un ancien du village qui me recommande d’aller au refuge des Mouterres si je monte au plateau.
En voyant le profil de l’étape, je sais à quoi m’attendre ! Je commence par un faux plat montant sur les premiers km, du D+ gratuit ! Le sentier en balcon longe un flanc de montagne très raide, c’est bien aménagé et très roulant. Arrivé au refuge des Clots, là on ne rigole plus, une montée qui n’a rien à envier au GR20, c’est du costaud, c’est dur !
Dans la montée, je découvre une cascade magnifique issue d’une tourbiere : « La Fontaine pétrifiante ». J’arrive à accéder à la source, stupéfiant, une cavité qui sort de la montagne avec un gros débit. J’y remplis ma gourde. L’eau me semble la plus pure que j’ai eu l’occasion de boire dans ma vie (bon je suis peut être influencé par l’effort que je fournis).
Je finis par arriver au plateau d’Emparis, c’est magnifique, les marmottes et les chocards cohabitent parfaitement. Je m’attarde sur une sauterelle qui me semble amicale, elle me tâta avec ses antennes (c’était chaud ).
Du plateau superbe vue sur la Meije et ses glaciers environnants. Splendide.
Le refuge des Mouterres est fermé ce soir. Le chien de la gardienne me fait rire. Ce petit chasseur avait ramené une musaraigne en trophée à sa maîtresse
Je passerai la nuit au chalet des Fay, avec une bonne douche froide pour la récupération musculaire ! (et parce que je n’avais pas le choix ). Pas de repas pour moi, il fallait appeler l’après midi. Je récupérerai quand meme gracieusement quelques restes par la maîtresse des lieux. Décidément c’est la journée où on me nourrit à l’oeil !
37 km
D+ 1260m
D- 2030m
Une bonne petite nuit en dortoir. Étonnamment sur 15 personnes il n’y aura qu’un seul petit ronfleur limite bersant ! (un peu comme mon ami Jérôme , qui vient tout juste d’être papa, félicitations ).
Départ 6h40, que l’aube est belle sur ce plateau d’Emparis. C’est une traversée paisible qui s’annonce sans gros dénivelé et toujours La Meije qui domine les lieux à 3983m.
Je croiserai un patou qui fera bien son boulot en m’aboyant dessus, en me fixant, en me mordant le mollet, le bras, l’oreille avant de finir par un mawashigeri à la gorge. Le loup n’a qu’à bien se tenir ! Bien entendu, je suis toujours debout, puisqu’il n’aura fait qu’aboyer.
La descente vers la station du Chazelet est assez simple, s’en suivra le très beau hameau des Terrasses et le village de la Grave au pied de la Meije.
Je traverse la Romanche à ce niveau et commence la montée dans la forêt. Le sentier de terre est facile, l’ancrage au sol est parfait, j’avance rapidement.
Je longe la Romanche claire et sinueuse tantôt en contre haut, tantôt à son côté où je profiterai d’une pause fraîcheur. Quelle jolie rivière
Je continue à longer la rivière, le décor devient de plus en plus beau. Je croise une petite dame avec son sac à dos et une jolie casquette à la Laura Ingalls. Je suis toujours très impressionné par les anciens qui tiennent autant la forme. CHAPEAU !
Je quitte la rivière à regret mais la retrouverai un peu plus loin. La Romanche continue
Le sentier devient un peu plus raide mais la montée se fait tout de même facilement, la rivière se transforme alors en torrent et cascades. Quand soudain… blocus de vaches sur le sentier ! Les 3 jeunes éleveurs comptent les vaches et donnent de la voix. Une famille est à l’arrêt et s’interroge si elle peut passer. Je leur dis de ne surtout pas le faire, parce qu’elles sont nombreuses et qu’il y a des veaux ! C’est loin d’être safe (et je sais de quoi je parle ). Après quelques minutes d’attente, les éleveurs nous indiqueront un passage sur le côté.
Aux abords du refuge de l’Alpe de Villar d’Arene la vallée s’ouvre sur de magnifiques montagnes. Je ferai ma pause du midi ici avec un plateau apéro houmous et une limo myrtille bio. Il est 13h. Il fait beau. Et le cadre est déglingo ! C’est je pense la plus belle étape jusqu’à présent.
L’aventure se poursuit vers le col d’Arsine, 280d+ qui passent tout en douceur. Le lieu est magique, il y a des marmottes partout et la vallée est de toutes les couleurs. Ambiance confirmée en arrivant au col avec un décor qui s’embellit de plus en plus. Et ça ne s’arrête pas là, la descente un peu glissante, se fait le long d’un torrent magnifique et de petits lagons bleus turquoises.
Je suis convaincu, c’est ma plus belle journée sur le GR54.
Je croise dans le sens inverse du mien, une tête familière. « Mais on s’est déjà vu nous ? ». Une femme que j’ai croisé lundi, j’avais remarqué sa tente Zpacks, mais en fait tout son matos était ultra light. Elle me dira que demain est sa dernière journée et qu’elle aura marché pas moins de 40km par jour. Je m’incline devant le sexe fort. Bravo madame
La descente se terminera jusqu’au Casset sur une piste dans une forêt de Mélèzes peu dense, et toujours le long du torrent. Idem pour la section du Casset au Monetier les bains. Une journée au fil de l’eau !
Arrivé à destination, je m’aperçois que le camping était en fait au bled d’avant… Pas la vaillance de faire demi tour, j’irai au gîte d’étape et puis tant qu’à faire je prendrai la demi-pension. Je me retrouve dans la même chambre que mon camarade de la veille qui a fait la même étape que moi. Il y a également une hollandaise qui semble bavarde, je crois que je vais bien travailler mon anglais ce soir
34,5 km
D+ 1760m
D- 1280m
Nuit en demie teinte malgré le confort. Départ 6h45, j’attaque direct par une jolie montée jusqu’au col d’Eychauda pour 970D+. Elle se fera sans difficulté dans une forêt de Mélèzes dans la station de ski de Serre-Chevalier. Ma clavicule s’en souvient ! Elle est désormais telle Erebor sur mon épaule droite (la réf est pour toi Marc ). Jolie vue sur les montagnes depuis le col, la descente jusque Vallouise s’annonce douce. Et elle le sera, alternant sentier à lacets et piste large. C’est joli mais pas autant que la veille.
Le sentier tourne dans les bois et suit un petit canal où je me laisse charmer par le chant de l’eau. Je commence à croiser des têtes que j’ai déjà vu lundi et qui font le GR54 dans l’autre sans. Je ferai une bonne partie de l’étape avec mon camarade Thomas (qui n’est pas très bavard pendant la marche, mais je m’en accommoderai).
L’étape se termine le long du beau et large torrent de l’Eychauda.
Il est 12h30. Je passe à la boulangerie pour un croissant et un rond aux raisins salvateurs.
Il fallait un hic ! 7km de montée sur une route , et c’est loin d’être mon truc… C’était un peu long et chiant. Heureusement que mon camarade Thomas était avec moi pour qu’on puisse discuter un peu. Nous arrivons à un parking et pouvons enfin repartir sur le sentier facile de la vallée de la Selle.
Et là, très belle surprise ! La vallée est magnifique. Elle me fait penser au fond de vallée de la Restonica. Une zone à la fois très rocailleuse et verte, avec un très beau torrent à vasques (majoritairement peu profondes) et des petites cascades qui descendent des sommets. J’irai m’immerger jusqu’aux cuisses dans une des vasques pour une séance de revitalisation.
J’en ai presque oublié la route. C’est comme-ci elle était la pénitence avant la rédemption.
La cabane de Jas Lacroix est en plein milieu de ce cadre entourée de marmottes. Elle est aussi juste à côté de la maison du berge qui a ramené son troupeau de brebis. Nous sommes 5 pour dormir dans cette petite cabane. Soirée cohabitation ! Je voulais bivouaquer, surtout que la zone s’y prête vraiment, mais je sens que mon camarade me veut à ses côtés
Afin qu’on ne soit pas tous trop serrés en mezzanine je dormirai sur la table en bas. Mon matelas Nemo me jouera des tours et se dégonflera. À 22h, un jeune homme entre « bonjour je suis le berger, je dors ici » (il est le 2nd berger à 20 ans). Très sympa, il analysera très vite la situation et dormira à terre avec son border collie après un petit aménagement.
37,5 km
D+ 1940m
D- 2780m
Je n’ai pas trop récupéré cette nuit, avec le matelas dégonflé que je n’ai pas voulu regonfler pour ne pas réveiller mes colocataires.
Départ 6h35, Thomas est toujours à mes côtés. Nous continuons notre montée dans cette très belle vallée jusqu’au col de l’Aup Martin (2761m) puis au pas de la Cavale (2735m). Le sentier devient rapidement plus rocailleux et finira aux abords des cols en fond d’ardoise avec une pente beaucoup plus sèche.
La descente jusqu’au refuge du pré de la Chaumette gagnera le palmarès du plus grand nombre de lacets ! Dans la descente, dégustation de myrtilles et de framboises présentes en quantités astronomiques (le paradis quoi).
Pause au refuge, pour faire un plein de glucides pour attaquer les 1100D+ à suivre.
Le profil de cette étape ressemble a une montagne russe, une grosse montée de 800d+, une petite descente, une petite montée, une moyenne descente, une moyenne montée et une grande descente. Ça va vous suivait ?
Bon, je crois que les glucides ont fait le job, la montée s’est bien passée, un pied devant l’autre mais on la sent passé quand même. Je suis alors au col de la Valette. Les montagnes russes feront passer également au col de Gouiran et au col de Vallonpierre. On tourne ici autour du Sirac (plus haut sommet à 3441m) avec ses differents pics noirs et acérés. Entre ces cols, on passera par des zones à marmottes via des sentiers balcons assez étroit mais sans difficulté et avec de belles vues en profondeur sur les vallées alentours. Depuis le col de Vallonpierre j’aperçois d’ailleurs le haut de station de St Léger les Mélézes, mon village.
La descente depuis le col de Vallonpierre est assez glissante et comporte quelques passages techniques dans des crevasses formées par les torrents. Elle devient ensuite plus clémente. Très belle vue sur le lac et le refuge de Vallonpierre en contrebas, le site est vraiment très beau, toujours au pied du Sirac ! Petite pause avant d’attaquer la dernière étape de descente vers La Chapelle en Valgaudemar.
La descente commencera par un sentier en lacets caillouteux sans difficultés et offrira une très belle vue sur les glaciers et torrents du cirque du Gioberney. Il tournera sur la gauche pour entrer dans le coeur de la vallée du Valgaudemar et proposera plusieurs visages : caillouteux, sableux en bord de lit de rivière, forestier, rocailleux pour une fin très agréable.
Sur le chemin, Thomas et moi-même croiserons deux hommes en galère venant de tanker leur vanne dans les cailloux sur une « piste » en extension de lit de rivière. On leur filera un coup de main pour pousser et pouvoir repartir
Mon taxi Pauline fera la toute fin du sentier avec nous pour clôturer ce grand tour des Écrins !